St Crépin. Ce nom résonne et fait apparaître des paysages,
des frissons, d’intenses émotions. Le passage du col de Vars, les vaches aux Crots,
le tintement des bouteilles qui sortent de derrière le bar quand les autres
pilotes sont couchés, les odeurs de cuisine, la forte voix de Mich, les
briefings de Bada.
Sur la route de St Crépin again, il est facile de céder au
blues des années précédentes. On la connaît cette route, elle n’a pas bougé.
Mêmes collines de l’Aude, mêmes aires d’Autoroute, et bientôt les mêmes
bouchons. Les éoliennes indiquent un vent du nord-ouest, et les cumulus inviteraient
presque à faire le trajet en vol. Mais non.
La route de St Crépin, c’est comme une préparation mentale,
une méditation anté-conservatrice et salutaire, ce petit quelque chose qui fait
qu’en arrivant nous serons dans le bon état d’esprit, prêt à franchir des
montagnes.
Et nous en franchirons des montagnes. En AST, en AAT, en
course, en quinconce ou en tortue pour les plus prudents. A 100 km/h de moyenne dans le K13, à fond à fond et après
on accélère.
Pourquoi revenir à St Crépin ? Tout a déjà été fait,
tout a déjà été écrit sur de longues lignes de blog. Mais quand même. Vivre plusieurs
fois les mêmes émotions serait-il devenu si terrible que nous en serions
condamnés à ne visiter qu’une seule fois les mêmes lieux. Notre société de l’immédiateté
et du jetable aurait-elle corrompu à ce point nos habitudes qu’un plaisir
pourtant simple nous serait devenu interdit pour cause de répétition abusive ?
Je dis non.
St Crépin, c’est du bonheur en bouteille d’oxygène. Coupés
du monde pendant une semaine, vous sautez dans votre K13 le matin au lieu de
prendre le métro, et l’automobile peut même être oubliée tant tout est
accessible à pieds dans l’environnement immédiat de cette principauté du vol à
voile alpin.
Alors en 2018, comme les années précédentes et celles d’avant,
c’est le cœur ému que nous re-re-reprenons la route vers la Provence et ses
sommets rocheux, ses glaciers et ses vélivoles extraordinaires. Roulons vers
une semaine de bonne humeur, de soirées interminables et de vols inoubliaux, l’épée
tendue pour trancher le fil de la bobine de cinéma dont les films empliront nos
âmes et les écrans géants en fin de semaine.
St Crépin, nous arrivons.
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