Vendredi, c’est connu, poisson à la cantine. Enfin c’est surtout pente à la montagne noire, aujourd’hui. Savamment renseignés par notre veille météo (bien que celle-ci ait quelques fractures obtenues lors d’une tentative avortée de triple backflip au ski. Presque), deux pilotes valeureux se donnent rendez-vous au terrain en début d’après-midi pour profiter du soleil rayonnant; et surtout, de ce doux vent de nord-ouest annoncé.
Un soleil rayonnant on vous dit. | |
Surprise en arrivant: le vent est mou. Et ouest. Aïe: ça s’annonce mal. Qu’à cela ne tienne, on prépare les machines, et on lance les décollages dans l’heure. Plouf pour le K13, qui ne retentera pas sa chance; mais ça tient en K6! Et vous savez comment on appelle ce pilote qui tient tant bien que mal dans une pente peu généreuse: le crevard.
Un plouf malheureux, mais le décor est splendide. |
Le crevard, c’est un état d’esprit, une mentalité. Le crevard, il vole même en semaine pour gratter quelques heures de vol sur la pente. C’est celui qui choisit sa monture non pas pour le confort ou les performances, mais parce que ça tient dans des météos moisies (K6, LS1…).
Une monture de crevard. Et le soleil susmentionné! |
Le crevard, il prépare le terrain pour rester en l’air dans le froid pendant des heures: affaires de ski, gants, thermos, musique… Le crevard, c’est aussi cet idiot qui oublie ledit thermos au sol (le crevard n’est pas le pilote le plus fin, on vous dit). Le crevard, c’est celui qui exulte quand son vario chantonne un 0.2 m/s. C’est celui qui est capable de passer 10 longues minutes dans un thermique qui en mérite à peine le nom, pour gagner péniblement 30m; et le pire: il en est fier. C’est celui qui fixe son fil de laine comme si sa vie en dépendait (tout supplément de traînée pourrait se payer en temps de vol: et le crevard est là pour rester). C’est celui qui va passer son après-midi dans un rayon de 10 km autour du terrain, mais il s’en fiche: il est en l’air, et il le restera.
Ça a beau être proche du terrain on ne s'en lasse pas |
C’est aussi celui qui va se donner des défis tout aussi idiots que lui: finir son vol avec un temps rond (échoué à 5mn près); tenir jusqu’au coucher du soleil; passer plus de temps en l’air que le temps cumulé sur la route pour rejoindre le terrain (enseignement de vie de notre estimé sage Vincent). C’est celui qui conservera précieusement les mètres gagnés jusqu’à la toute fin de journée, jusqu’à l’altitude de sécurité, jusqu’à ce que la réalité le rattrape et que le sol l’appelle.
Trio gagnant du crevard: vario à 0, vitesse proche du décrochage, coucher de soleil |
Il fait ça peut-être pour travailler son endurance pour les beaux vols à venir, peut-être pour apprendre à raccrocher bas dans ce qui fera la différence entre une vache à 200km du terrain et un retour triomphant ; ou peut-être et même surtout, parce qu'il a clairement cramé un fusible dans son cerveau de vélivole. Mais le crevard, seul, n’irait pas bien loin: s’il peut faire si tôt dans l’année de si beaux vols, c’est avant tout grâce à la motivation et la contribution des autres membres, ceux qui l’ont savamment mis en l’air et qui l’attendent avec bienveillance au sol.
Alors merci Jean-Claude, merci Alain pour ce beau vol, et à bientôt sur le terrain.
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