mercredi 13 janvier 2010

La montagne blanche

Le week-end des 9&10 janvier derniers, Dame Nature a recouvert la région toulousaine de son grand manteau blanc. Ceux d'entre vous qui se sont aventurés hors de chez eux ne sont peut-être pas allés bien loin. Mais parfois, l'aventure, le danger et la peur viennent (presque) jusqu'au pas de la porte.


Avant le départ


Panneau de pub: Michel Drucker, priez pour nous...


Récit d'un week-end d'échec et de nourriture riche en gras par nos valeureux explorateurs polaires de VVMN.

Episode 1: Samedi
Equipage: Henri, Julien et votre serviteur.
Matériel: Clio, carte bancaire, vêtements chauds

Départ de Toulouse: le marché, à quelques centaines de mètres du lieu du repas du soir. Nous choisirons d'aller faire les courses à 60km...

Ouverture des volets au réveil: pas de surprise, la neige prévue est bien là. Rapide sondage téléphonique: on part quand-même vers le terrain, la côte doit être dégagée. Hésitation devant la paire de skis qui traîne dans l'appartement: et si on descendait les pistes du terrain? Après réflexion, il n'y a toujours pas de tire-fesses à la Montagne Noire; les skis resteront au chaud. Départ du centre ville à 10h30. En me rendant au Pont Neuf, point de rendez-vous, je croise Bambi: incarnation malheureuse de la coquetterie en conditions hivernale, une fille qui n'a rien trouvé de mieux que de chausser ses talons les plus hauts lutte désespérément contre le coefficient de frottement précaire de la glace et se débat tel le célèbre faon de Walt Disney... Ceux qui ont vu le dessin animé comprendront...

Vu l'état des routes, nous prenons rapidement la décision de faire le trajet via l'autoroute qui sera certainement dégagée. L'arrivée sur la rocade dissipe nos illusions: aucune route n'a été salée.

Barrière de péage de Labège. ça se confirme, on va devoir lutter. Mais l'espoir de faire l'aligot de ce soir au terrain est toujours présent. En route pour 50km d'autoroute sommairement dégagée! La tension monte dans la voiture: est-ce prudent de laisser Henri conduire? L'adhérence dégradée de la route ne semble pas l'inquiéter. Ayant prévu d'arriver vivant, il est normal de se poser quelques questions essentielles...

L'A61 sous la neige


Arrivée au péage de Castelnaudary sans encombres. Vu l'état de l'autoroute, ils pourraient faire une ristourne sur le prix... Pour des raisons pratiques, nous ferons les courses au Géant de Castel. Après quelques ronds-points négociés à grands coups d'accélérateur et de contre-braquages, nous arrivons au magasin. Pas de tome fraîche; tant pis, on fera l'aligot avec les moyens du bord. On en profite également pour acheter de quoi manger ce midi; une tartiflette fera l'affaire, tout le monde est d'accord sauf les médecins et les nutritionnistes...


La route se poursuit entre Castelnaudary et la montée du terrain. Là, la situation se complique. Il neige, la route est recouverte de congères et Henri est toujours au volant. Probabilité d'accident proche des 100%. Un rapide coup de téléphone à Fredo nous confirme que la montée risque d'être sportive. Et tout d'un coup, nos craintes se réalisent: excès de confiance d'Henri, grisé par une belle ligne droite, augmente l'allure; une voiture devant nous roulant plus lentement, notre pilote commet une faute: il freine. L'arrière de la voiture se dérobe, le fossé se rapproche dangereusement, et notre trajectoire ressemble à une danse périgourdine. Ou au trophée Andros; d'ailleurs, on a bien failli faire de la compote... La voiture retrouve finalement sa trajectoire grâce à la maestria de notre conducteur qui semble avoir retrouvé son calme.


On nous aura prévenus...

ça passe pas...

12h41: Arrivée en bas de la côte. Nous nous garons sur le côté. La montée se présente plutôt mal. Après une reconnaissance à pieds, nous décidons de mettre le cap sur Saint-Ferréol. Prudemment, cette fois, car l'état de la route n'est guère encourageant.


Repli stratégique à Saint-Ferréol


13h05: Nous atteignons le lac de Saint-Ferréol. Là aussi, la montée vers le terrain paraît impossible. Solution de repli: chez Fredo. Tant pis, l'aligot est compromis... Nous embarquons avec nous le kit de survie: reblochon, lardons, crème fraîche, côtes du Rhône. C'est le moment de se lancer dans les expériences culinaire; chez les Moulinier, un plat de pâtes est prêt. On le transformera en pâtiflette; c'est pas mal et surtout, ça tient au corps.


Gauche? Droite?

Déchargement du repas

Finalement, c'est à Courchevel qu'on mangera ce midi

Pour la soirée, la majorité des participants habitant Toulouse, nous ferons tout ça chez Julien.

Retour à Toulouse par la route de Saint-Félix; encore une idée brillante. Décidément, 3cerveaux ne suffisent pas à faire quoi que ce soit d'intelligent, aujourd'hui... En chemin, Paul nous dépasse à une allure frisant l'insolance, armé d'une 307 équipée d'une seule chaîne. Il est allé jusqu'au terrain; les miracles existent...

ça gliiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiisse!

Notre alpiniste

Arrivée à 18h, préparation, débouchage de bières, ...

La soirée a été plutôt sympa; l'aligot de Luc trouve sa place au-dessus de la pâtiflette et grâce au Côtes du Rhône, la digestion s'annonce animée. Le calva ouvre également quelques perspectives intéressantes avec un improbable débat sur les infirmières vélivoles nues sous leur bob. Pas tout suivi...

Paul, vainqueur du plus haut sommet du Lauragais, ayant terrassé les routes glissantes de la région, ... et finalement battu par le calva!



Episode 2: Dimanche midi
Equipage: Henri et votre serviteur
Equipement: Clio, vêtements moins chauds (grave erreur!), pelle, tapis, Defender, petit 4x4 blanc dont j'ai oublié le nom, 2cordes de remorquage, un tracteur en panne, cric

Le lever est un peu dur. Le vin a encore frappé en traître. "CDR, jamais déçu!" (CDR=Côtes du Rhône, NDLR); effectivement, on n'est pas déçu du voyage... Renseignement pris, ce n'est pas la peine d'aller au terrain, la route n'est pas meilleure qu'hier. Et pourtant, Henri insiste: "ça va être beau, y'a du soleil". Alors allons-y! C'est reparti. Mais cette fois-ci, Henri ne conduira pas, c'est plus prudent.

Nous prenons l'autoroute, comme hier. Mais cette fois, la route est très bien dégagée et il fait beau. La campagne enneigée est magnifique, ça laisse présager une belle journée au terrain.

La route entre Castelnaudary et Revel est également en meilleur état; quelques plaques de neige incitent à la prudence, mais globalement, c'est tout à fait correct. L'optimisme s'installe; il est 13h30 et dans un quart d'heure maximum, nous serons au terrain. Et ça tombe bien, c'est l'heure de manger.



La bifurcation vers le terrain instaure le doute. ça n'a pas l'air si bon que prévu. Une nouvelle reconnaissance pédestre et la vue d'une voiture s'engageant sur le chemin sans aucune hésitation nous poussent à nous aventurer dans la montée.



Les premiers virages sont plutôt pratiquables, malgré d'énormes congères en forme de meringue. La route ressemble à une énorme tarte au citron et la faim commence à tirailler l'équipage. Soudain, dans la grande ligne droite qui mène à la première ferme, la voiture qui nous précède s'arrête et commence à reculer. Explication du conducteur: après la ferme, ça ne passe pas. Nous reculons à contre-coeur pour laisser descendre l'automobiliste trouillard. Une fois arrivé au virage précédent, nous décidons de remonter. Mais avec les chaînes, cette fois.



Premier problème: les chaînes d'Henri ne semble pas adaptées à mes pneus. En forçant un peu, ça tient. Au bout de 15minutes de bagarre, tout de même...


Nous attaquons la montée. ça passe comme une lettre à la poste! La victoire est proche, le sommet se profile. Cling, Cling, Clong! La chaîne gauche se détache. Remise en place et c'est reparti. La couche de neige s'épaissit. Cling Cling Clong! Ah, la chaîne gauche fait encore des siennes... Et là, c'est plus grave: elle a cédé et s'est enroulée autour du moyeu de la roue. Après quelques vaines tentatives, il faut se rendre à l'évidence: il faut démonter la roue pour décoincer la chaîne. Alors on vide le coffre pour chercher le cric et le démontage commence, sous le regard amusé d'un conducteur de 4x4 qui attend religieusement derrière nous. Une fois l'opération terminée, nous laissons passer la voiture qui saute les congères avec une agilité déconcertante.




Démêlage de chaîne...



Pour nous, ça va être plus dur: nous n'avons plus qu'une chaîne. Mais si près du terrain, ce serait dommage d'abandonner. Nous ne ferons qu'une trentaine de mètre supplémentaires, pourtant... L'épaisseur de neige est bien trop importante et la vaillante clio refuse d'aller plus loin.



Heureusement, Bernard a réussi à monter jusqu'au terrain avec son Defender et propose de venir nous remorquer. Arrivée de notre sauveur 15min plus tard; réflexion faite, nous allons redescendre, nous garer en bas de la côte et remonter avec la voiture de Bernard. C'est certainement la seule décision intelligente du week-end. Rassurez-vous, nous étions plusieurs à réfléchir pour en arriver là.

Allô Bernard?


Redescente de la côte plutôt facile, on laisse filer la voiture en seconde et on ne freine pas. Après un rapide transvasement des affaires, nous remontons avec le Defender qui écrase les congère avec une facilité déconcertante. En chemin, une dame nous arrête: son pseudo-4x4 Ford à 2roues motrices est enlisé. Opération sauvetage: avec une élingue d'arrêt de Mirage2000 (allez comprendre ce que ça fait là...) qui traîne par hasard dans la benne du Defender, nous remettons la voiture dans le droit chemin pendant qu'une modeste 2CV attend patiemment pour passer.

1er sauvetage

Episode 3: La déchéance


Il est 15h30, nous n'avons toujours pas mangé. Enfin arrivés au terrain, un petit 4x4 blanc est enlisé près de l'entrée: Jacques et sa femme avaient entrepris une balade romantique qui s'est finie dans une congère. Aidés par un pilote de quad qui passait par là, ils essayaient désespérément de dégager la voiture à l'aide de tapis et de feuillage. La nature, sauvage et impitoyable, fait décidément beaucoup de victimes aujourd'hui... Nouvelle opération de sauvetage, donc, toujours avec la voiture de Bernard.


Sauvetage, encore...



Une fois la voiture dégagée, on a bien mérité une petite balade sur le terrain. Le paysage est magnifique. Nous faisons le tour de l'aérodrome avec le Defender qui semble décidément taillé pour ce genre de conditions. Petite séance de photos de la neige sculptée par le vent en bas de la 12 puis remontée de la piste jusqu'au seuil de la 30 quand soudain, c'est le drame: la voiture s'enfonce dans la neige et s'immobilise dans une bonne cinquantaine de centimètres de neige. Impossible de se dégager de là. C'est le gag du désenliseur enlisé. Bernard, grisé par tant de sauvetages, se croyait invincible; la neige a gagné...




La pelle à neige semble ne pas suffir à dégager la voiture qui refuse obstinément de bouger; les roues patinent. Comment faire??? A notre disposition: une pelle, les fameux tapis de Jacques, des cordes de remorquage, le second 4x4, une cocote minute remplie de pot-au-feu et le tracteur du club. Tiens, le tracteur, c'est une bonne idée. Pour le chercher, 10minutes de marche dans une neige épaisse et surtout, après tout ça, il faut ouvrir le hangar à remorques. Pas gagné: le vent a poussé la neige contre les portes et la neige est beaucoup plus haute à cet endroit. Après avoir dégagé tout ça, il faut ouvrir le cadenas qui a gelé. Réchauffage du cadenas au briquet, ouverture (difficile) des portes. Enfin! Le tracteur! C'est gagné! Ou pas... le moteur ne démarre pas, faute de batterie.

La petite bête qui sauve la grosse

Nouvelle solution: essayer de placer la voiture de Jacques sur la 12, là où on pourra trouver un peu d'adhérence, et essayer de tirer le Defender en mettant 2cordes de remorquage bout à bout. Il faut faire vite, le soleil commence à décliner. Après plusieurs essais, le 4x4 avance par étapes d'1m; à chaque essai, il faut à nouveau déblayer la neige et replacer les tapis. Le sauvetage se finira juste avant la nuit.



VICTOIRE!!!


Après tout ça, on a bien mérité notre repas de midi ... à 19h30!

1 commentaire:

Émeric a dit…

Et bah, quel dimanche... Je ne pensais pas que le CDR pouvait avoir de tels effets sur l'organisme. CDR, jamais déçu, en effet !